L’ombre Portée

Cette sculpture de métal et de pierre matérialise symboliquement le geste créateur de l’homme dans la construction. Son dialogue avec le terrain -par les bandes d’acier qui y plongent et en émergent manifeste l’idée que tout édifice prend naissance dans la terre, puis son envolée aérienne évoque l’esprit de légèreté et de liberté qui guide l’imagination du concepteur. La verticalité de l’ensemble du volume, qui s’érige dans les airs, entre en résonance avec l’action même de bâtir. Cette sculpture illustre ainsi la genèse de toute construction. Elle se compose de deux éléments naturels : le métal, qui prend forme sous six lignes en mouvement, et la pierre, obélisque central solidement ancré dans le sol -et qui semble en sortir. L’association des deux nous rappelle que ce sont deux matériaux issus de la même matrice : la Terre. Les courbes ondulantes dans l’espace des six rubans d’acier offrent un jeu d’ombres variant tout au long de la journée suivant la course du soleil, faisant référence au dispositif ancestral du cadran solaire. Le totem central, colonne de pierre de Luzerne bleu parfaitement polie sur ses quatre faces mais taillée de façon brute sur sa pointe, incarne la construction en cours de modelage. Son relief fait aussi écho à la montagne qui entoure le site, monument naturel dont l’homme s’inspire. Ce sont également les différentes textures qui apportent une richesse visuelle à l’ensemble. En effet, l’acier est en partie oxydé, révélant l’érosion de la matière par le passage du temps. L’humilité de l’homme face à l’éphémère et la métamorphose des éléments est ainsi exprimée par ce biais. Par une mise en scène narrative, cette installation propose un volume dynamique qui exalte à la fois la puissance de la nature, l’esquisse dessinée par l’architecte et le savoir-faire artisanal qui la concrétise.